[Test] Huis Clos. Saison 1. Le Manoir Winsbury – Entre Cluedo littéraire et murder party à l’atmosphère so british

1-6 joueursFlorent Wilmart, Pierre Christen
ansJules Dubost
20-45 minutesOz Editions, Riviera Games
Enquête, cartes, déduction
narratif
Riviera Games
03/22 Policier, enquête, Agatha Christie
23,75€ chez et dans
Huis Clos. Saison 1. Le Manoir Winsbury

Un jeu d’enquête de plus ?

Plusieurs jeux d’enquêtes à base de cartes – sans application – sont déjà passés à la moulinette d’Undécent. On peut citer les Crime Zoom de Stéphane Anquetil (Oiseau de Malheur, Un Ecrivain mortel, No Furs) édités chez Aurora Games, la gamme des Pocket Détective (Meurtre à l’université, le Temps Presse) chez Matagot ou encore Suspects de Guillaume Montiage et Sébastien Duverger Nedellec édité chez Studio H.

Ces jeux ont chacun un fonctionnement un peu différent mais ont comme base commune qu’ils se découvrent au fur et à mesure sans avoir besoin de vraiment lire une règle, ni d’utiliser un accès internet ou une application.

Il ne s’agit pas d’un jeu d’enquête policière multi supports et/ou utilisant Internet et/ou une application à télécharger comme la gamme des Hidden Games, Sherlock Holmes Détective Conseil, Exit, Chronicles of Crime ou Detective.

Ainsi, dans les Crime Zoom, on reconstitue une scène de départ et on fait ensuite preuve d’observation et on peut explorer toutes les pistes sans limite de temps ; dans Suspects, il faudra faire des choix d’actions : interroger, aller dans un lieu, choisir telle ou telle piste et résoudre l’enquête en révélant le moins de cartes possible pour faire le meilleur score ; dans les Pocket Détective soit on lit une carte et on la retourne, soit on va explorer une autre carte en fonction du numéro qui nous a été donné et ça dans un minimum de temps virtuel (il y a un système de comptage de temps pour vous mettre la pression).

Ouf, pas de règle à lire ! Ça se joue comme … un roman policier !

Huis Clos ne déroge pas à la règle justement puisqu’il n’y a pas du tout de règle à lire auparavant. Il suffit de tourner les cartes à la manière d’un roman policier. C’est le but des auteurs, les cousins Florent Wilmart – infographiste, un ancien de chez Paille Edition, auparavant ludicaire – et Pierre Christen – journaliste, auteur de romans policiers -, qui ont voulu combiner leur expérience ludique et littéraire pour nous concocter ce jeu.

Les auteurs de Huis Clos

Il est illustré d’une manière charmante par Jules Dubost (Cerbère, Ghost Adventure) et co-édité par Ôz éditions (Torpedo Dice, Dinoblivion, Goblivion, Shy Monsters …) et Riviera Games (spécialisé dans les puzzles, casse-têtes et autres escape games) – qui m’ont envoyé à ma demande ce jeu 100% made in France pour m’en faire une idée -.

Un jeu d’investigation littéraire coopératif construit comme une série policière : 10 épisodes, 23 personnages, 10 victimes

C’est un jeu d’enquête narratif et littéraire, centré sur les personnages – 23 au total – à la manière d’un Agatha Christie. Il se déroule justement en Angleterre pendant la période contemporaine d’Agatha Christie. Il est d’ailleurs fait allusion – sans spoiler quoi que ce soit – à la jeune écrivaine qui n’est pas encore l’auteur à succès au moment où se déroulent les enquêtes.

Ce qui va changer la donne dans Huis Clos, c’est que l’on part pour une série d’enquêtes, et pas 2 ou 3, non, pas moins de 10, pour 10 victimes. Vous saurez tout de la famille et du manoir des Winsbury et de la malédiction qui fait s’acharner le sort.

Toute l’action se situe au cœur de l’Angleterre bourgeoise des années 1920. Le vieux manoir de la famille Winsbury, que certains pensent être hanté, est le siège de l’entreprise familial qui a fait récemment la fortune de la famille. Les affaires vont moins bien mais cela n’entame pas le plaisir d’Edward et Elizabeth Winsbury – les maîtres du domaine -, de réunir autour d’eux toute la famille et leurs proches pour évoquer la question de la succession de l’entreprise … quand l’accident est survenu …

Huis Clos est un jeu pour au moins 1 personne – et il fonctionne très bien en solo – et, comme beaucoup de jeux de ce type, il ne doit pas se jouer à trop de joueurs (il est mentionné 6 joueurs, mais ça me parait beaucoup), pour des parties de 20 à 45 minutes par enquête, à partir de 14 ans.

C’est dire qu’avec 10 affaires à résoudre, même à usage unique, Huis Clos vous réserve quelques heures de jeu très agréables, sans jamais vous bloquer, où il suffira de suivre le fils d’une histoire, où vous « interrogerez » (le jeu le fait à votre place) les unes après les autres chaque personne présente, comme si vous jouiez un Hercule Poirot ou tourniez page après page un bon Agatha Christie – Pourquoi pas les Dix Petits NègresIls étaient Dix -, puisque la filiation avec l’écrivaine anglaise est clairement avouée ! -.

C’est en présence du fils et de la fille des Winsbury, de leur avocat, de sa nouvelle compagne et du précieux médecin de famille ainsi que de la tante, fraichement revenue d’Inde, que se déroulera la première enquête pour meurtre. En tant que détective pour Scotland Yard on vous confie l’enquête de cet huis clos. Vous partez sur place pour résoudre cette première affaire.

Alors, saurez-vous faire preuve d’une implacable rationalité pour venir à bout de chaque enquête ou votre esprit vous jouera-t-il des tours pour vous détourner de la vérité insondable ? Mais, même si vous trébuchez, vous vous entendrez dire à la suite de chaque nouvelle enquête, à la manière d’un Maigret : « Bon sang mais c’est bien sûr ! »

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

  • 160 cartes de grand format (12 x 8 cm). Des cartes portraits, des cartes consignes de jeu, des cartes interrogatoires, des cartes indices.
  • 5 intercalaires de sauvegarde et rangement avec signet.

Comment on joue à Huis Clos – Saison 1 ?

Dans Huis Clos, il n’y a pas de règles de jeu. Le déroulé de l’histoire se fait de manière linéaire à la lecture des cartes numérotées, en commençant par la première.

Entre rivalité amoureuse, jalousie, appât du gain, intérêt personnel, toutes les enquêtes finissent toutes par une issue … mortelle.

Pour chaque enquête, 7 suspects seront proposés avec pour chacun, à disposition, une fiche d’identité représentant le portrait de chaque personnage avec au verso ses caractéristiques physiques (taille, âge, poids), le lien de parenté ou de proximité avec la famille et les points importants de sa vie à retenir.

Huis Clos

Puis sur une deuxième carte le résultat de votre interrogatoire comme si vous étiez en train de parler et échanger avec la personne auditionnée.

Il vous faudra donc simplement lire, dans l’ordre, les fiches de déclarations des suspects vous amenant à déduire le coupable du meurtre.

Enfin vous devrez répondre à 3 questions que l’on peut résumer par Qui ? Comment ? Quel est le mobile ? D’où l’aspect un peu Cluedo avec le lieu en moins puisqu’on sait déjà où a été commis le meurtre.

En cas de doute, une (ou deux) carte Indice est mise à disposition après les interrogatoires et avant le dénouement de l’affaire.

Le dénouement est alors présenté derrière la carte (bon, pas de spoil, je n’irai pas plus loin). A vous de voir si vous avez eu du flair.

Une fois résolue, tout le matériel est à ranger derrière les bons intercalaires, et tout est guidé sur une carte dédiée (je vous ai mis une carte floutée car ce serait dommage de connaitre le meurtrier non ?) : Prison pour les coupables, Cimetière pour les morts, Manoir pour les personnages encore en jeu, Fiches de classement pour le résultat de l’enquête, Archives pour tout le reste.

Vous pouvez alors continuer avec l’enquête suivante quand vous voulez.

Est-ce que c’est bien ?

Ce que j’ai ❤️

  • Des enquêtes agréables. Et 10 au total ! Et on n’est jamais bloqué, c’est narratif et il n’y a pas de règle à lire au préalable.
  • Un jeu immersif, très bon en solo.
  • Des textes bien tournés. C’est littéraire, so british et sans coquilles. On est en plein dans du whodunit à la Agatha Christie.
  • On ressent les émotions des différents protagonistes, avec des différences de langages entre les personnages qui sonnent bien et qui renforcent l’immersion.
  • Le challenge très intéressant de la dernière enquête ! Du beau fil à retordre !
  • On entre dans la peau des personnages qui peuvent revenir au fur et à mesure des enquêtes et que l’on connait de mieux en mieux. On suit vraiment leur progression dans le temps.
  • Les illustrations des portraits des personnages excellemment réussis. Elles sont somptueuses.
  • Les personnages sont attendrissants par leurs illustrations ou jouent sur des faux-semblants trompeurs !
  • La possibilité de prendre un indice à la fin de chaque enquête pour donner un petit coup de pouce, confirmer sa théorie ou au contraire vous aiguiller lorsqu’on semble un peu perdu. C’est facultatif, mais ce n’est pas honteux de faire avec. Tout se recoupe assez bien.
  • L’idée du rangement dans les intercalaires après chaque enquête. On a vraiment l’impression de classer une affaire de police pour passer à une autre. Un mode malin de sauvegarde.

Ce que j’ai 💔

  • Les meurtres s’enchainent à un rythme peu crédible. Il faut faire abstraction de la temporalité et même résoudre les enquêtes en les espaçant un peu.
  • Certaines enquêtes ne prennent pas plus de 20 minutes pour être résolues. On peut rester sur sa faim sur certaines d’entre elles lorsqu’on trouve la solution trop rapidement. Le bas blesse un peu au niveau de certains scénarios.
  • Il n’est pas toujours évident de trouver l’arme du crime ou la motivation du criminel.
  • Les indices qui ne sont pas tous utiles.
  • Si seulement les enquêtes avaient pu être toute du niveau de la dernière, c’eut été parfait !
  • Prévu jusqu’à 6, je le déconseille au-delà de 3, un peu comme tous les jeux d’enquêtes avec manipulation de cartes.

Design

La couverture de cette petite boîte donne vraiment envie de voir ce qu’il y a à l’intérieur. Et nous ne sommes pas déçus. Les portraits des personnages sont de toute beauté. J’adore. Leurs regards sont souvent captivants, tantôt fuyant, parfois enjôleurs ou attendrissants. Peut-être ce parti pris fait déjà partie intégrante des faux-semblants voulu par les auteurs, j’aimerais bien le savoir …

Sur les cartes indices – que j’ai été obligé de révéler à chaque fois pour la nécessité de cet article … Enfin, c’est ce que je veux faire croire -, les illustrations sont également de très bonne qualité, entre réalisme, illustration de BD et effet vintage. Bravo.

La graphie des textes est bien choisie, très lisible et de taille correcte pour être lue de prêt et d’un peu plus loin si on joue à plusieurs. Pas besoin de loupe. En revanche la police choisie pour le nom des personnages me parait un peut fine sur certaine lettres et on peut s’y reprendre à deux fois pour bien lire le texte.

A la fin de chaque enquête, il y a un texte manuscrit – un poème en prose -, souvent sibyllin, qui nous laissera un peu quoi, tellement il me paraissent absconds … Mais cela ajoute un peu de mystère à ces histoires.

ze meeple

Qualité du matériel

L’ensemble est sobre et qualitatif.

Une boite bien rigide, des cartes de belle taille (12 cm par 8 cm) de qualité et des intercalaires pour les ranger (un mode malin de sauvegarde) et c’est tout, pour un matériel donc bien conçu.

Le seul point de réserve réside dans les intercalaires qui souffrent d’un petit manque d’accessibilité (la boîte est tout de même de format compact) quand la boite est pleine de cartes ; en fait au début de chaque nouvelle enquête c’est un peu serré. On est un peu gêné par les signets avec nos gros doigts tout pas fins.

Le jeu est intégralement fabriqué en France, il faut le souligner. C’est écrit au bas de la boîte. Et c’est pa politique de Oz Editions. Et pas de plastique pour les paquets de cartes. Ce sont des liasses entourées d’un lien en papier kraft.

Thème

Huis Clos est un jeu d’investigation littéraire coopératif construit comme une série policière dans un univers rappelant Agatha Christie ou tout du moins un univers policier s’y apparentant. Il se déroule justement en Angleterre pendant la période contemporaine d’Agatha Christie, dans les année 1920. Il est d’ailleurs fait allusion – sans spoiler quoi que ce soit – à la jeune écrivaine qui n’est pas encore l’auteur à succès au moment où se déroulent les premières enquêtes.

Huis Clos pourrait s’apparenter à un petit exercice de style dans le genre des whodunit.

Le whodunit – contraction de « Who [has] done it? » que l’on traduit par « qui l’a fait ? » est devenu synonyme du roman d’énigme classique du début du XXe siècle. C’est une forme du roman policier dans laquelle la structure de l’énigme et sa résolution sont les facteurs prédominants. Au cours du récit, des indices sont fournis au lecteur qui est invité à déduire l’identité du criminel avant que la solution soit révélée dans les dernières pages. L’enquête pouvait y être menée par un inspecteur de la police officielle – Scotland Yard par exemple.

En principe, le lecteur doit disposer des mêmes indices que l’enquêteur et donc des mêmes chances que lui de résoudre l’énigme, l’intérêt principal de ce genre de romans étant de pouvoir y parvenir avant le héros de l’histoire. Dans Huis Clos vous êtes l’enquêteur et le héros.

Cette forme de roman s’est tout particulièrement illustrée dans les pays anglo-saxons durant l’« âge d’or » de la fiction policière, les années 1920, 1930 et 1940. Parmi les auteurs les plus célèbres de cette période figurent de nombreux écrivains britanniques : Agatha Christie, Dorothy L. Sayers, Margery Allingham, Gladys Mitchell, Josephine Tey, G. K. Chesterton, Michael Innes, Nicholas Blake, Christianna Brand et Edmund Crispin. D’autres sont américains — S. S. Van Dine, John Dickson Carr, Ellery Queen ou Elizabeth George — et reproduisent le style anglais.

Et dans Huis Clos, on y ajoute une légère surcouche du roman de type « mystère en chambre close » qui renvoie à une énigme où la victime aurait été tuée ou agressée dans un local apparemment clos, voire même étanche (du style Mystère de la Chambre Jaune) dont le coupable se serait échappé de façon irrationnelle.

Nous n’en sommes pas là, dans la plupart des scenarios du jeu nous sommes dans un simple huis clos, littéralement « porte fermée » – c’est à dire dans le manoir, voire aux alentours, dans la propriété. Et cela répond au stéréotypes du gendre c’est à dire un roman, une pièce de théâtre, un film, dont l’action se déroule en un lieu unique, dont les personnages ne peuvent sortir ou en tout cas dans lequel ils sont rassemblés ou conviés.

On a également l’impression de se retrouver dans la série Downton Abbey qui est une série dramatique historique des années 2010 (un period drama, « drame sur une période historique ») mettant en scène la vie d’une maisonnée aristocratique britannique dans les années 1910 et 1920 en accordant la même attention aux aristocrates et aux domestiques qui travaillent à leur service. Et dans Huis Clos, les domestiques jouent un rôle important. Et comme dans Huis Clos, la deuxième saison de Downton Abbey montre comment la Première Guerre mondiale fait basculer les destins des personnages, maîtres et domestiques. Sans rien spoiler, on peut dire qu’on retrouve un peu de cela avec certains personnages du jeu.

Le château de la série Downton Abbey pour les prises extérieures.

Au cinéma, il existe pas mal de films en huis clos, dans les dernières productions, ma préférence va au film Le Prénom (2012) de Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte avec un Patrick Bruel qu’on n’attend pas dans ce rôle. Mais on s’égare.

Mécanique

Un jeu sans règle avec une mécanique épurée et simplissime

On ouvre la boite, on prend le premier scénario et c’est parti. L’enquête commence. On découvre la mécanique du jeu en lisant les cartes numérotées. Eh oui car dans Huis Clos, il suffit de se laisser guider par les instructions données sur les cartes, celle du début du scénario et celle de la fin. C’est tout.

Une situation de départ est décrite sur une carte puis s’en suit l’événement perturbateur : Un meurtre.

Pour chaque enquête, 7 suspects sont proposés. Vous allez devoir investiguer. Pour une meilleure immersion et parfois pour recouper certains petits indices, vous posez au fur et à mesure chaque carte interrogatoire à côté de la carte personnage correspondante. Cela ne prend pas trop de place et c’est même facultatif, on peut le faire en mettant les cartes derrière les unes les autres. Limite le jeu peut se faire en mode nomade, de bout, un peu à la Palm Island.

Investigation, enquête littéraire et … théâtrale

Il faut simplement lire les déclarations des 7 suspects et essayer de démêler le vrai du faux. C’est à chaque fois un interrogatoire déjà réalisé qui tient sur une carte recto-verso où l’on sous-entend certaines de vos interventions ou objections qui font parfois réagir le suspect : il s’offusque, rougit, tousse, hésite, fait certains gestes, etc.

Il est d’ailleurs conseillé, à plusieurs, de lire le témoignage à haute et intelligible voix, d’y mettre le ton et pourquoi de faire les mimiques ou intonations qui sont proposées (elles sont mises entre parenthèses) car toute l’expérience du jeu est fondée sur l’interrogatoire des suspects et la lecture de leurs déclarations. Cet effet théâtral rajoute un peu d’immersion au jeu comme on pourrait le faire dans un JdR. Mais ce n’est pas obligatoire puisque les déclarations des suspects se lisent un peu comme un roman.

Les descriptions des personnages sont très agréables à lire et elles ne sont pas longues. On apprend progressivement à connaitre leur personnalité, leurs traits de caractère. C’est essentiel pour faire les déductions.

Votre objectif est simplement d’identifier le (ou les) coupable(s) du meurtre.

Une fois que vous avez lu les déclarations des 7 suspects et que vous avez potentiellement identifié le coupable, vous devez répondre à plusieurs questions (Qui ? Pourquoi ? Comment ?) puis vous annoncez le résultat de votre interrogatoire et de vos investigations. 

En cas de doute ou de blocage, l’éditeur a prévu une aide sous la forme d’une carte indice qui est mise à disposition révélée avant le dénouement de l’affaire qui vous donne la solution de l’enquête.

Et alors vous voyez si vous avez été un fin limier. Précision, il est impératif de faire les enquêtes dans l’ordre car vous en connaitrez de plus en plus sur les protagonistes et cela vous sera fortement utile pour ne pas tomber dans des fausses pistes.

Des niveaux de difficulté variables mais trop très accessibles

Les premières enquêtes ne sont pas très difficiles, il y a une certaines montée en puissance vers la fin. Mais attention, il n’y a rien de vraiment évident. Il faut se creuser la tête, c’est de toute façon ce que l’on recherche sinon il suffit de lire un polar et ça ferait mieux l’affaire. Cependant, les habitués des jeux d’enquêtes pourront rester sur leur faim et pourront un peu se lasser.

Cependant, les enquêtes possèdent une intrigue suffisamment intéressante pour nous emmener dans l’histoire. On traverse le temps, accompagnant cette famille ou faux-semblants alternent avec une mise en avant de la réalité sociale de l’époque. Il y a derrière ces enquêtes un vrai travail de recherche socio-économique.

Les énigmes restent originales et réalistes. Chaque crime et chaque mobile a été étudié afin d’offrir aux joueurs une bonne expérience de jeu. Aucun dénouement ne m’a paru farfelu, donc impossible à trouver. Parfois, il nous manque un petit élément, mais globalement, on y arrive et surtout on ne se sent pas bloqué, ce qui est parfois l’écueil de certains jeux d’enquête qui – trop durs – ne nous permettent pas d’aller plus loin.

Interaction, or not interaction ?

Huis Clos peut se jouer sans problème en solo. A plusieurs, il y aura forcément de la confrontation d’avis mais comme il n’y a pas de choix à faire (on tourne les cartes les unes après les autres, l’interaction est limitée.

ze meeple

Simplicité des règles

Huis clos est un des rares jeux où il n’y a pas, mais vraiment pas, besoin de lire de règles avant ; le jeu s’explique lui-même en jouant.

C’est sûr, il faudra lire, tout lire, ne rien zapper pour se laisser guider dans les enquêtes. C’est un jeu narratif à 100%. Mais c’est d’une simplicité déconcertante.

Mise en place / Rangement

Une boîte qui ne contient que des cartes, rangées au départ par liasses à défaire au fur et à mesure (paquet 1, 2 3 ..).

La mise en place se fait un 2 minutes puisqu’il faut prendre dans l’ordre les cartes numérotées précisées à chaque fois sur la carte de départ de la nouvelle enquête. (une quinzaine de cartes).

Le rangement se fait en 2 minutes après chaque enquête avec le système d’intercalaires bien pensé (Manoir, Archives, Cimetière, Prison, Classement de l’Enquête).

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Conclusion

Même s’il est différent du mythique Cluedo, Huis Clos appartient à la grande famille des jeux d’enquête. Une enquête grandeur nature dans une petite boîte où tout se rangera parfaitement étape après étape, le tout glissé entre des intercalaires bien pensés.

Un gameplay simple et efficace

Mais une enquête exclusivement narrative et uniquement sur de grandes cartes, sans autre support, que l’on jouera à la manière d’un roman policier en 10 volumes dans la veine des whodunit du début du XXème siècle, dans la lignée des murder-party et autres romans d’Agatha Christie de la même époque. Mais ce ne sera pas un page-turner auquel vous aurez à faire, mais un jeu qui le déclinera en mode card-turner. 2 minutes à mettre en place, 45 minutes grand maximum par enquête, 2 minutes pour ranger l’enquête une fois terminée.

Unité de temps et de lieux : Une forte inspiration littéraire so british entre Agatha Christie et Downtown Abbey

Alors qu’en est-il ? En ce début des années 1920, au manoir Winsbury, ce n’est pas la chance qui est l’apanage de la grande bourgeoisie : 10 meurtres dans l’entourage de l’entreprise familiale Winsbury ; 10 meurtres imbriqués les uns aux autres étalés sur quelques années. Une malédiction ? Certains le penseront. Et c’est là un petit défaut d’exagération car avec autant de meurtres en si peu de temps cela pourrait faire un peu perdre le jeu en crédibilité. Passons.

Une expérience dramatique et attachante

A l’instar d’un Hercule Poirot, vous aurez, en tant qu’agent de Scoland Yard, la lourde tâche de démêler le vrai du faux en confrontant les témoignages des personnes présentes – entre faux semblants et pistes évidentes.

Ce manoir intemporel révèlera au grand jour – sans trop spoiler – rivalités amoureuses, jalousies, appât du gain, querelles d’idées et passé trouble.

Et dans Huis Clos, il n’y a pas de règles précises, pas de système de point, pas de temps limité, pas de blocage, pas de compétition. Il suffit de se laisser entrainer à la lecture carte après carte avant de tenter de dénouer la scène de crime en répondant à 3 questions : Qui est le meurtrier ? Comment a été tuée la victime ? Quel est le mobile ? Il y aura même un indice – facultatif – qui pourra peut-être confirmer vos soupçons … ou vous semer le doute.

Huis clos s’inscrit dans la veine des jeux très littéraires et très british, doucereusement old school, mais très accessible, avec des cartes-portraits magnifiquement illustrées où les innocents d’hier pourront devenir les coupables du lendemain.

Des énigmes policières réalistes et plutôt originales, de niveau inégal et qui pourront lasser certains

Même si les enquêtes pourront se révéler de niveau inégal et pour certaines un peu trop faciles – ce qui permettra aux moins initiés de prendre plaisir à faire les bonnes déductions -, la mécanique épurée est d’une efficacité redoutable et ravira les amateurs d’enquêtes plutôt bien ficelées où l’on tentera de trouver l’assassin parmi les convives à chaque fois rassemblés dans le manoir. Après, comme son nom l’indique, nous sommes bien dans un huis clos. Autre petit défaut pour certains, un même lieu, une même famille, des personnages que l’on retrouvera parfois tout au long des 10 enquêtes, une mécanique à chaque fois identique, cela pourrait en lasser certains. Passons.

Un jeu à usage unique

Et évidemment, une fois joués, vous n’aurez plus qu’à passer le jeu à quelqu’un d’autre, car comme beaucoup de jeux d’enquêtes, c’est à usage unique. Il n’y a pas de fins alternatives.

Une immersion intéressante

Toujours est-il que rien que pour la dernière enquête qui vous donnera du fil à retordre, cela vaut le coup de cheminer au gré des aléas de cette histoire de famille complète – mais cas complexe – qui donnera envie d’aller un peu plus loin, dans des intrigues encore plus retords. On s’attache, on s’étonne, on suit le parcours des uns des autres au fil du temps. On oscille donc entre polar et série télé. Une immersion intéressante donc.

D’ailleurs l’éditeur a annoncé une nouvelle saison avec un Huis Clos, Saison 2 – Le secret de Vivian Sternwood – où l’action se passe cette fois dans une magnifique villa américaine, au bord de la péninsule de Great Neck, sur Long Island dans les années 1940. Mais n’y aurait-il pas un lien avec l’affaire du manoir Winsbury, près de 20 ans plus tôt ? Mystère … Peut-être une sortie prévue fin 2022, début 2023 si tout va bien…

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Laurent

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