Loading : de watts et de tensions

Pour ceux qui se rappellent de la Guerre des Etoiles de George Lucas, vous vous souvenez certainement de cette scène dramatique où les héros se sont retrouvés de leur plein gré dans une décharge qui se resserre sur eux comme un étau. Si l’éditeur LumberJacks a opté pour une barre de chargement comme fil rouge graphique de Loading, la lente compression dans la scène culte de Star Wars me paraît mieux transcrire l’ambiance de ce jeu de cartes pour 2 à 7 joueurs et joueuses. Et si tous les participants partent sur un pied d’égalité, seuls les plus rapides ou les plus malins vont tirer leur bon vers la sortie (et la victoire).

 

 

Des petits bip, des petits bip, toujours des petits biiip

Nous sommes (presque) tous accros à nos portables, et notre obsession pour les garder constamment allumés bien chargés a inspiré nos bûcherons (les deux barbus qui s’occupent de l’édition). Ces derniers, dont j’apprécie en général les mécaniques subtilement déviantes des canons du genre, s’attaquent depuis quelques jeux au créneau du moment à prendre : les jeux d’ambiance ultra-courts.

Le dernier en date, Loading, se joue officiellement et officieusement en une dizaine de minutes. L’installation est également très rapide : il suffit de faire des tas approximatifs avec les cartes de progression, de distribuer une carte boost à chacun, et enfin de placer quelques cartes Stop au milieu de la table, qui feront office de chaises musicales.

Le but du jeu : accumuler des témoins de charge qui sont disséminés sur l’ensemble des cartes. Pour cela, trois options : faire monter plus vite que les autres son tas de cartes progression, piquer aux autres joueurs leur carte boost, ou décider de finir parmi les premiers et récolter une des cartes Stop du milieu de la table.

Les tactiques possibles sont largement dépendantes du nombre de joueurs à vouloir recharger leurs batterie. Le nombre de parties au compteur peut rendre votre victoire plus aisée : on tombe facilement dans les pièges des autres lorsqu’on débute.

Les meilleures stratégies restent délicates à maintenir tout au long du jeu, car la partie se passe en temps réel : on vous donne un tas de cartes, vous regardez dedans, prenez une carte (ou pas) et vous le redonnez à un autre joueur. Plus les compétiteurs sont nombreux, moins le tas que vous avez en main est rempli. À vous de faire les arbitrages au bon moment et d’être opportuniste quand il le faut.

Toutes les machines ont un cœur

Les cartes de progression s’étalent de 1 à 64 en affichant entre 1 et 4 points de charge. Pour pouvoir poser une carte d’un tas devant vous, la valeur de celle-ci doit être supérieure à celle du dessus de votre pile. Par exemple, si vous êtes à la carte 21, vous devez choisir une carte entre 22 et 64 dans le tas que vous avez dans les mains. Mais il faut également avoir en tête les valeurs des piles de vos adversaires : pour leur voler une carte Boost, il faudra placer la carte d’une valeur supérieure d’un point à celle qui trône au dessus de leur pile. Aucun décompte de temps ne vous est imposé, vous pouvez retenir votre tas à dessein pour bloquer le jeu ou attaquer un joueur que vous avez en ligne de mire. Malgré tout, plus vous échangez rapidement les tas, plus vous avez d’occasions de faire grossir votre barre de progression, et choisir les cartes qui ont les meilleurs points.

 

Les cartes Stop vous permettent d’arrêter la partie quand vous le voulez, mais uniquement pour vous. En récompense, vous recevez les points de la carte Stop que vous prenez, et vous écartez du jeu le tas que vous aviez en main. S’il y avait des valeurs importantes pour les autres joueurs, la tactique peut être payante, mais attention, comme vous vous arrêtez, vous n’avez plus aucune action sur le jeu.
Tant que d’autres joueurs ne vous suivent pas dans votre choix, la partie continue et vous assistez impuissant à la progression des participants encore en lice. Néanmoins, comme dans le jeu des chaises musicales, il n’y a pas des cartes Stop pour tous. Les derniers à grapiller des points se font souvent surprendre dans leur progression par un arrêt brutal et définitif. Dans Loading, savoir jauger quand on est à bloc, c’est important.

 

Une ambiance faite de watts et de tensions

Les jeux d’ambiance basés sur les suite de chiffres commencent à s’entasser. La comparaison avec The Mind vient à l’esprit, mais écartez tout de suite la notion de synchronicité et de coopération : Loading est à l’exact opposé. Si l’ambiance est bon enfant et si on a l’air de progresser seul dans son coin, l’opposition s’impose vite par le temps réel et l’ascendant qu’on prend sur les autres en les bloquant ou en se réservant les meilleures cartes. Les tas valsent de main en main sans que vous puissiez anticiper facilement lequel vous allez obtenir. Dans certains cas, votre dextérité pourra également vous faire gagner quelques précieuses secondes. Chaque joueur prend vite le coup de main, mais finit souvent ses premières parties avec des regrets sur tel ou tel point qu’il aurait aimé mieux maîtriser. Seule solution : rejouer !

Loading coche toutes les cas de son cahier des charges. L’ambiance est là, le temps réel apporte bien de la tension sans générer un chaos incontrôlable, et les parties sont pliées en moins d’un quart d’heure. Elles s’enchaînent donc avec plaisir, même dans le cadre d’une pause entre deux jeux plus longs. Malgré tout, certaines configurations fonctionnent mieux que d’autres. La configuration à deux joueurs notamment tombe à plat, puisque chacun des deux joueurs se passe à tour de rôles l’intégralité des cartes à disposition, il ne vous reste plus qu’à être très bon en calcul mental pour arrêter dès que vous avez plus de points que votre adversaire.

Serez-vous rechargés à blocs avec ce Loading ? Le dernier pré-assemblé des éditeurs bûcherons est de l’ordre du coup de foudre, au début vous êtes surexcités, et ensuite vous reprenez un peu raison : pas sur qu’il échappera à l’obsolescence une fois quelques dizaines de parties alignées. Néanmoins, si vous avez aimé The Mind, Altitude, et autres jeux à base de suite de cartes, cette itération nerveuse de Marc Paquien est faite pour vous, de même si vous cherchez un filler (« bouche-trou » – que c’est vilain ! -) entre deux plateaux au long cours. Si vous n’avez pas d’amis, qu’ils sont ennuyants ou qu’ils sont des psychorigides du contrôle, faites l’impasse (ou changez-en) !

 

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