Coimbra
Coimbra est la grosse release 2019 de l'éditeur italien Eggerspiele (Les voyages de Marco Polo, Grand Austria Hotel). Un gros Eurogame des familles, un jeu de collecte de points de victoire, qui vous propulse dans la peau de diplomates cherchant la renommée dans l'ancienne capitale portugaise !
Et il me tardait vraiment d'essayer Coimbra pour une chose : Son système de draft de dés novateur, qui a fait le tour des classements et qui ne cesse de faire parler en bien du jeu depuis sa sortie.
Un début de tour est pourtant très classique. Le premier joueur, désigné par des règles définies au tour précédent, lance tous les dés. Chaque joueur prend ensuite tour à tour un dé (jusqu'à trois à la fin de la phase), l'encastre dans une petite tour en plastique rappelant la couleur de son plateau personnel, et le place immédiatement dans l'un des quatre quartiers du plateau principal.
Ce qui est moins courant, c'est la double utilisation de ce dé. Sa valeur va décider de la priorité de choix des cartes ou des bonus attenants au quartier où le dé est situé. Sa couleur va, en revanche, servir à définir dans quelle piste de ressource le joueur va piocher en fin de tour.
À l'usage, je peux le confirmer, le système est à la fois terriblement malin, addictif et plaisant. Et cette phase, en plus d'offrir un large choix d'actions tactiques, met vraiment l'interactivité à l'honneur. Car dans Coimbra, nombreuses sont les fois où une carte va être convoitée par plusieurs joueurs, et il faudra jouer de ruse ou d'esprit tactique pour ne pas la voir passée sous son nez !
Pour le reste, je ne vais revenir sur toutes les (nombreuses) règles de Coimbra. Mais si vous aimez le genre, vous retrouverez tout ce qui fait le sel d'un jeu à l'allemande qui se respecte.
Le jeu demande à la fois de la stratégie sur le long terme et de la réactivité (suivant le tirage des cartes et le choix des dés de vos adversaires). Il y a un certain nombre de moyen de scorer, que ce soit via la récupération des cartes personnages (le cœur du jeu), des déplacements sur la carte monde, les objectifs voyage ou avoir la majorité sur les pistes ressources. Et vous en aurez pour bien pour 45 min par joueur, tellement Coimbra offre le moyen de se creuser le ciboulot pour faire le coup parfait.
Mais.
Reste que Coimbra m'a titillé (négativement), à tel point que je n'ai pas plus envie d'y revenir que ça.
Déjà, je n'aime pas "l'ambiance" du jeu. Je loue pourtant les efforts de l'auteur d'avoir tenter d'insuffler un design qui marque, coloré avec des dominantes de tons pastels, et d'avoir essayer d'apporter de la consistance visuelle à un thème ultra plaqué (courant dans le genre).
Je ne dis pas que cela ne peut pas plaire, mais moi j'ai trouvé l'ensemble plutôt fouillis, vieillot, et surtout pas très engageant.
Au-delà de ça, cette surcharge visuelle nuit notablement à l'ergonomie du jeu, déjà pas tip top au départ (l’iconographie globale douteuse, le système de palets pas fou, la carte monde qui semble intégrée aux forceps au milieu du plateau). Coimbra m'a vraiment donné cette impression de devoir puiser dans la concentration allouée à ma partie pour me repérer sur la plateau, comprendre les cartes (en devant jeter régulièrement un œil dans la règle), et surtout ne pas me louper dans l'ordre des nombreuses phases d'un tour. Je suis vraiment ressorti lessivé de ma partie. Un sentiment bizarre, car de base le jeu n'est vraiment pas plus complexe à appréhender que la moyenne du genre.
Et il y a un truc qui m'a aussi chagriné dans Coïmbra : c'est de n'avoir jamais vraiment pu me situer par rapport à mes adversaires. Je sais que c'est assez courant dans l'Eurogame classique, mais personnellement j'apprécie de moins en moins ces jeux où l'on gagne une dizaine de points pendant la partie, et de voir les scores quintupler au comptage final (j'exagère volontairement). J'ai beaucoup de choses à reprocher à un jeu comme Black Angel, mais par contre j'ai adoré le fait de voir que mes choix judicieux pendant la partie me donnaient un avantage certain, et que je pouvais vraiment être serein lors des derniers tours en analysant rapidement les axes de développement qui auraient pu me nuire.
Je persiste à dire que Coimbra est un très bon jeu dans son genre, qu'il a son petit succès qu'il mérite et que ces "défauts" n'en seront pas pour la majorité des joueurs. Son système de draft est chouette, et j'ai vraiment hâte de le voir "copier" dans d'autres jeux. Mais il manque terriblement d'immersivité, d'ergonomie. Ce qui fait que Coimbra ne sera pas de ma ludothèque, assurément.